Combien de temps se conserve le miel ?

Suite à des questions sur la conservation des miels, et en particulier le miel de Callune, j’ai demandé à mon mari d’écrire une réponse claire mais attrayante : le résultat n’est pas ce qu’il a fait de mieux ! Surtout concernant le côté attrayant.., sans doute est-ce dû à la fin de saison qui traîne encore, mais les règles de base y sont et c’est pourquoi je le publie dans le blog, en espérant pouvoir vous proposer une autre mouture, plus sympa, dans l’hiver.

Les miels en général se conservent bien, de part leur faible teneur en eau, en général en dessous de 20%, et de part leur composition qui, par ailleurs, leur confèrent naturellement des propriétés antiseptiques et bactériostatiques.
Un pot de miel (en verre, non entamé), à 18% d’eau, gardé à une température stable d’environ 14°C se conservera bien au moins 4 ou 5 ans. C’est pourquoi nous avons construit une cave de stockage pour nos miels, les gardant à ce niveau de température et d’hygrométrie.
La teneur en eau des miels varie selon leurs origines florales et leurs conditions de production et d’extraction; ils doivent avoir moins de 20% d’eau (Décret du 30.06.2003, auparavant la limite était à 21%), sauf pour les miels de Callune qui doivent avoir moins de 23% d’eau.
Cas particulier du miel de Callune: il a naturellement une teneur en eau et en oligoéléments plus élevée que les autres miels, raison pour laquelle nous le mettons en pot rapidement après son extraction, et le rangeons directement dans notre cave d’où il ne sort que lorsque nous l’envoyons pour la vente.
Nous vous conseillons de le stocker à l’abri de la chaleur; Une fois le pot entamé, le garder au frais et bien refermé.
Question d’un client: « Au frigo » ?  Réponse:  oui, notamment si l’on fait durer le plaisir en n’y goûtant qu’un peu chaque jour!

Questions à un apiculteur

Dans le cadre d’un TPE sur le sujet « Disparition des Abeilles », une lycéenne a envoyé un questionnaire à Jérôme.

Voici ses réponses.

Où sont situées vos ruches ?

Autour de chez moi pour l’hivernage, et pour faire des essaims, en zones dites sauvages, ou de cultures biologiques pour les productions de miel.

Vos ruches sont-elles infestées par le varroa – en grande ou petite quantité? Si oui, quel traitement utilisez-vous?

Elles vivent  avec le varroa depuis son arrivée dans la région (début 1985).
Depuis il y en a toujours, plus ou moins selon les années et mes « soins » (observation : ceux qui pensent leurs ruchers indemnes de varroas n’ont pas bien cherché!)
J’ai essayé,  je crois, toutes les attitudes et  tous les traitements possibles en bio, et actuellement j’utilise :

apiguard (thymol) en septembre, acide oxalique (en quantité très faible, c’est un produit que les abeilles connaissent bien car il y en a dans le miel) en début d’hiver, quand minimum de couvain, et au printemps quand je fais de nouveaux essaims et qu’il n’y a pas encore de couvain operculé, plus fonds complètement grillagés, ..etc.

Devez-vous traiter vos abeilles avec des antibiotiques?

Non, étant en bio depuis mes débuts, par conviction (le AB n’existait pas du tout encore..!), je me devais d’agir autrement  C’était délicat, d’autant plus que je suis aussi agent sanitaire apicole, nommé par le préfet, depuis les années 80 et qu’en ces temps là les antibiotiques c’était automatique…

Avez-vous des pièges à frelons? Si oui, est-ce efficace?

Oui, et ça aide bien, mais la pression du Velutina n’est pas encore très forte dans l’Aude ou l’Ariège.. mais au point où nous en sommes ce n’est qu’un « problème » de plus même si c’est assez dramatique .

Avez-vous observé une surmortalité de vos abeilles?
Si oui, pour vous, quels sont les facteurs (pesticides, OGM, virus, thèses à écarter?)

Cette question me semble surréaliste, peut-être que je me fais vieux?? mais aussi après plus de 30 ans d’apiculture on a un autre regard sur ce qui se passe en ce moment que vous ou vos professeurs; vous n’avez pas le mien et je n’ai pas le votre. Alors, oui il y a surmortalité, mais aussi durée de vie des abeilles plus courte, et surtout la durée de vie des colonies d’abeilles (l’individu chez Apis mellifera est en fait la colonie et non l’abeille) de part une durée de vie des reines plus courte (environ 2 ans en moyenne actuellement, 3 ans pour les miennes, pour environ 4 ans comme toujours, auparavant, et encore il y a 30 ans), et, tout aussi grave, la difficulté grandissante de reproduction naturelle de ces reines.
Jj’ai moins de mortalité que certains collègues (sans doute lié aux méthodes de renouvellement des colonies, et aux ruchers de production évitant les cultures dites conventionnelles, pleines de pesticides), environ 30 % au lieu de 40 à 50 % ou même plus, mais quand même bien trop : il y a 30 ans il y avait 5 % de pertes hivernales, et 2 à 3 % de pertes diverses….

Les facteurs, partant du plus grave puis par décroissance:

  • Les pesticides sur cultures, bâtiments d’élevage, ..etc, et leur accumulation, et les effets de synergies quand plusieurs types de molécules sont utilisées alors que leurs « AMM » n’ont été délivrées qu’ après une étude individuelle de chacun, et encore quand il y a de vraies études indépendantes ce qui est rarissime. Beaucoup à dire là dessus, mais ce ne serait plus des réponses à un questionnaire! Action directe, et indirecte, les deux à court, moyen et long terme.
  • Le Varroa, (parasite à l’origine d’Apis Cerana*, dans l’île de java, mais l’homme ayant déjà voulu jouer à l’apprenti sorcier vers 1950, il est maintenant là presque partout, et plus grave qu’un parasite). Action directe et indirecte, à moyen et long terme (le côté indirect étant l’affaiblissement des colonies et les plaies facilitant l’entrée des virus).
  • Le changement climatique : je suis surpris qu’il n’en est pas fait mention: il y a réchauffement (visible ici l’été, surtout depuis 2003) et légère augmentation d’amplitude des extrêmes (températures, précipitations, vents, rayonnement,en + et en -) or l’abeille s’est développée parallèlement aux plantes à fleurs (évidement…) dans leur écosystème, et celui-ci est en fait très sensible  (ex.: miellée d’acacia en Ariège, fin mai : elle s’arrête si ça dépasse 29°, idem pour le châtaignier, fin juin, à partir de 35° et donc 1° de plus peut changer beaucoup de choses, c’est ce qui se passe de + en +). Action indirecte (car sur les plantes,  l’eau,..) à court, moyen et long terme.
  • Zones de grandes cultures : monocultures et périodes de disettes artificielles en pleine saison de développement pour les abeilles.
    Ce point, et le premier font que l’on constate un meilleur état des colonies dans les grandes villes que dans ces zones de grandes cultures. Action indirecte à court et moyen terme, tant qu’il y a ces monocultures sur de grandes surfaces.
  • Les apiculteurs: ce sont aussi des humains, avec tous leurs défauts, et leurs « brebis galeuses »: trois ont notamment croisé Mélifera avec Cerana il y a 60 ans *, depuis d’autres font des croisements et des importations de tous les coins du monde, parfois pour gagner quelques mois de début de production alors qu’on perd des années de vie…d’autres mettent pesticides ou antibiotiques dans leur ruches…etc. Action directe et indirecte, à court et moyen terme. mais je ne le met qu’en 5° position car par expérience j’ai pu observer que la nature reprend le dessus si on lui en donne la possibilité, même s’il faut plusieurs générations de reines pour cela, et puis il y a aussi des pertes (les 30%) même si on est en bio depuis longtemps…
Je ne met pas les OGM ni les virus car:
  • Pour les OGM, il n’y a a (heureusement) pas encore assez de cultures de plein champs pour être la cause de ce qu’on observe sur les abeilles.
  • Pour les virus, c’est le contraire, ils y étaient avant ces surmortalités, et les abeilles se portaient très bien. Ils se développent plus maintenant que les abeilles sont affaiblies, qu’il y a des failles dans la chitine (dues au varroa), mais surtout en corrélation de l’action de certaines molécules des pesticides; ce dernier point fait que c’est non seulement les abeilles mais tous les insectes pollinisateurs (et notamment les braves « Bombus ») qui butinent  les fleurs des champs ou aux alentours des bâtiment d’élevage, qui sont en péril. Bref les virus sont un symptôme visible mais pas une cause au sens propre.
Craignez-vous une disparition imminente des abeilles?
Je n’ose pas y penser vu ce que ça voudrait dire pour notre planète, et nos enfants, mais ce risque est bien là maintenant, non seulement pour les abeilles mais pour toutes la faune pollinisatrice.
Pour vous, quelles seraient les conséquences (sur l’environnement,  l’économie et autres…)?
Là aussi je n’ose pas y penser.
Les chiffres indiqués ça et là (quelques milliards de dollars) ne veulent rien dire car les bouleversements directs et indirects, économiques (on est bien présomptueux de parler d’économie dans un tel scénario) et sociaux (/ manger et / monopole puisque ne pourront plus exister que des succédanés OGM de plantes à fleurs) ne pèseront pas lourd en face du bouleversement écologique provoqué par la disparition de ces insectes et des plantes à fleurs.
En vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez à notre demande,
Valentine (et son groupe de TPE)

Tous les miels ne sont-ils pas bio par définition ?

Question :
Vous faites du miel bio, mais tous les miels ne sont-ils pas bio par définition ?

Non, tous les miels ne sont pas bios. Et si l’on se place d’un point de vue « puriste », le miel totalement bio, ça n’existe plus depuis longtemps ! En revanche, dans notre démarche d’apiculteur, pour nous-mêmes, la nature, les abeilles et les produits de la ruche, nous nous efforçons d’être le plus bio possible et cela depuis plus de 30 ans. Le « développement durable »  avant l’heure, et pour de vrai !
Soit, le miel est un produit naturel, au sens où il n’est pas « fabriqué  » par l’homme. Pourtant, tout au long de la vie du miel, des éléments extérieurs -type pesticides sur les fleurs, traitements chimiques dans la ruche…- peuvent altérer ses qualités naturelles et l’éloigner encore plus de la notion même de produit bio.
En ce qui nous concerne, notre démarche pour produire un miel bio se décline de A à Z, tout au long du processus de production. Cela va du choix des emplacements en zones sauvages ou « bio « , au traitement et nourrissement des ruches (si nécessaire) sans produits chimiques, à des récoltes selon des méthodes « douces  » pour les abeilles, jusqu’à une extraction respectueuse du miel, sans le chauffer. Une démarche d’apiculture contrôlée et vérifiée par un organisme certificateur agréé qui délivre le label Agriculture Biologique (AB).

Apiculture Bio : Les emplacements des ruches

1. Des emplacements de ruches en zones sauvages ou bio

Chacun de nos emplacements a été contrôlé par l’organisme certificateur pour l’obtention du label Agriculture biologique.
Nos ruchers sont installés dans de vastes zones sauvages, sans traitements chimiques persistants qui s’accumulent dans la terre, comme c’est le cas par exemple à proximité des grandes cultures conventionnelles. Nous évitons ainsi ces cultures traitées, les sites de pollutions industrielles ou chimiques, ou d’enfouissement de déchets, la proximité des autoroutes, etc…
Dans notre région nous avons la chance d’avoir la montagne  et la haute montagne, les plateaux sauvages de garrigues à romarin, et aussi de vastes forêts d’acacias ou de châtaigniers. Pour les miels issus de plantes de culture -type miel de tournesol-, nous choisissons une culture bio de plusieurs dizaines d’hectares située dans de grandes propriétés « d’un seul tenant » dédiées à l’agriculture bio. On place les ruches au milieu de cette zone et au moment de la floraison, afin que les abeilles butinent exclusivement ces fleurs-là.

Quand on ne sélectionne pas ses emplacements en fonction de ces critères, le risque est grand de retrouver dans le miel toute une panoplie de produits chimiques. Ainsi, à titre d’exemple, pour obtenir le label  Agriculture biologique (AB) pour notre miel de tournesol, l’organisme certificateur a recherché jusqu’à 153 produits chimiques dans notre miel… aucun n’a été trouvé.

Pourquoi conseille-t-on de manger du miel plutôt que du sucre ?

Le sucre issu des betteraves ou de la canne à sucre, c’est du saccharose, tandis que les sucres du miel ne contiennent qu’environ 1% de saccharose. Il s’agit de sucres des fleurs, c’est-à-dire essentiellement du fructose, du glucose et du maltose. Le fructose est apprécié car il se comporte dans l’organisme comme un sucre lent.

Ces sucres sont bien meilleurs pour la santé, puisque cela équivaut à manger des fruits bien sucrés, et le corps les digère plus facilement .

Par exemple, un peu de miel entre les dents sera dissous par la salive en quelques minutes, alors qu’il en faudra plusieurs dizaines si c’est du saccharose.

Le miel contient aussi une grande variété de minéraux et d’oligo-éléments comme du calcium, du cuivre, du fer, du magnésium ou du potassium mais aussi des protéines, des acides aminés, des enzymes qui facilitent la digestion ou des vitamines, en particulier celles du groupe B. Les arômes qui donnent à chaque miel son goût particulier lui confère aussi des vertus thérapeutiques.